Medellin Comuna 13, on vous en fait un grafiti

Lors de notre passage à Medellin, nous souhaitions visiter la Comuna 13, un quartier extrêmement réputé mais tristement célèbre à cause des vagues de violence des années 80/90.

Nous prenons rendez vous avec une agence, Tika Travel qui organise des tours sur le thème du street art avec des membres de la Casa Kolacho, un collectif d’artistes Hip-Hop qui œuvre au changement dans le quartier.  Notre guide est née et a grandi ici. Elle connaît son quartier, ses habitants, son âme et nous le raconte avec beaucoup de passion. Nous passons un très agréable moment. L’histoire de la Comuna 13 nous a été contée toute une après midi, nous ne sommes que messagers de cette histoire qui nous a beaucoup marqué.

 

 

Petit rappel historique… 

Dans les années 1960, le conflit armé en Colombie a poussé les paysans de la région à se réfugier sur les hauteurs de Medellin, dans des installations faites de bric et de broc. La Comuna 13 est un de ces quartiers. La Comuna 13 était une zone stratégique du trafic de drogue et d’armes, elle est située sur la route qui part de Medellin pour aller vers le Panama via la région d’Uraba. Au delà de la Comuna 13, pas de routes officielles bitumées mais des pistes bien connues des narcotrafiquants.

Dans les années 90, les conflits font rage entre les milices qui protègent officiellement les quartiers, les groupes paramilitaires qui œuvrent pour le gouvernement afin de reprendre la main sur ces quartiers… Tout ça sous fond de trafic d’armes et de drogue. Bref, c’est la joie. Le quartier devient le quartier le plus dangereux de la Colombie, une zone de non droit où résident des milliers de familles. La population est totalement laissée à l’abandon par les pouvoirs publics, c’est l’anarchie et la violence.

Des enfants sont tués par des balles perdues, sur le lieu de l’accident, les habitants installent un parc, avec un toboggan, en mémoire de l’enfant. Pour notre guide, tout un symbole, la mémoire se met en place : n’oublions jamais!

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En 2002, le gouvernement décide de lancer une ultime opération militaire pour « nettoyer » le quartier. Aidée par les milices paramilitaires, l’armée entre dans la Comuna 13 et encercle le quartier, c’est l’opération Orion. Cette opération a marqué à jamais l’histoire du quartier : pendant 3 jours, les habitants vont vivre une véritable guerre urbaine, faisant plusieurs morts et des centaines de blessés chez les civils.3000 militaires sont dépêchés sur place pour encercler et nettoyer le quartier. Ils sont appuyés par des hélicoptères, ce sont de vraies scènes de guerre qui ont marqué et marquent encore les esprits. On parle également d’une centaine de disparus, jamais retrouvés, qui seraient enterrés dans une fausse commune clandestine dans la montagne. On nous la montre au loin, glaçant…

L’opération n’est pas considérée comme un succès, mais elle atteint un de ses buts : désorganiser le quartier. Une suspicion importante s’installe entre les habitants, des dénonciations, et des exactions sont faites par les groupes armés présents sur place. C’est le « nettoyage social ».

La terreur règne, entre assassinats et disparitions. Bon nombre de familles ont encore des cousins, frères, amis, pères manquants et personne ne sait dire ce qu’il s’est passé, ni où ils sont.

Il va falloir attendre la fin des années 2000 pour que tout s’apaise, les habitants se coalisent pour reprendre le quartier en main. Le HipHOp est une chance pour bon nombre de jeunes, ils se mobilisent, veulent faire changer leur image.  Ils s’expriment notamment via le StreetArt, à travers des fresques relatant leur colère, leurs revendications, leurs envies, leur espoir ! La ville commence à y croire, c’est la renaissance.

 

La Comuna 13 aujourd’hui, c’est effectivement la renaissance, mais surtout un exemple de résilience collective.

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Chacune des fresques nous sera expliquée, commentée en direct par la guide. Cependant, nous sommes aussi libres d’en avoir les interprétations que nous souhaitons, c’est la magie du graffiti.

Pour clôturer le tour, nous aussi avons droit à notre mur d’expression libre, nous ne sommes pas les plus doués, mais avons été ravis de laisser notre signature!

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