Parallèle Zéro, Volcans & Amazonie – Bienvenue en Equateur

En quittant le Nord Pérou, aride, nous sommes très étonnés au passage de frontière de passer au milieu de la verdure, sur des routes intégralement bétonnées, sans « bump », bordées par des caniveaux sans détritus. Un choc!

Quand on y réfléchit un peu ensuite, c’est assez logique toute cette verdure, ici, il n’y a pas de saison, la nature a tout ce qu’il lui faut, de la pluie (certes en quantité), mais aussi des températures clémentes. Et comme la nature reçoit, elle donne!

Nos premiers kilomètres se font sous la brume que nous n’avions pas revue depuis la Nouvelle Zélande. Nous avons le sentiment de circuler en Suisse, ou dans les Alpes, des montagnes à perte de vue, du vert, du vert et encore du vert. Et même sous un épais brouillard, nous trouvons cette route assez rafraîchissante.

Notre objectif est d’atteindre Cuenca assez vite, car Fred doit bosser un peu et nous savons que nous pouvons nous y poser quelques jours. Le premier bivouac se fera pourtant sur le chemin, le poste frontière nous ayant gardé un peu longtemps. Quand on découvre un nouveau pays, on ne se risque pas le premier soir à rouler de nuit.

Ce qui est également très appréciable maintenant que nous sommes en Amérique du Sud depuis 3 mois et demi, c’est que nous n’avons plus, comme en Asie, la barrière de la langue en changeant de pays. Pour notre première nuit, nous sommes chaleureusement accueillis sur le parking d’un restaurant où la gérante nous propose même de l’eau pour Poupoule et des sanitaires pour nous. Nous sommes à plein, donc refusons poliment. Ce premier contact nous laisse déjà penser que les Equatoriens vont nous étonner quant à leur hospitalité.

 

Nous arrivons à Cuenca le dimanche, et nous posons quelques jours chez Myriam, Fred a du travail et Amélie regarde déjà pour les inscriptions des enfants au retour, et tous deux doivent consolider l’itinéraire en Equateur puis en Colombie. Il va falloir faire des choix, autant que ceux-ci soient réfléchis.

La ville de Cuenca est très agréable, la famille chez qui nous nous sommes installés est très sympa. Nous logeons dans Poupoule dans leur cour mais bénéficions de toutes les facilités. Les enfants retrouvent une console de jeux, les deux filles de Myriam étant très contentes d’avoir des nouveaux adversaires.

Comme nous savons que nous restons quelques jours, nous nous mettons à jour en logistique : la lessive, le marché et le repérage de la ville.

 

La ville est très mignonne, nous ne visitons pas beaucoup les monuments mais apprécions de déambuler dans les petites rues. C’est en nous promenant que nous trouverons El Museo del Sombrero, que nous nous attarderons à la terrasse d’un café pour suivre un match PSG /Lille, et que nous rencontrerons quelques Américains émigrés ici, il y en a 7000 en ville.

 

Après ces quelques jours de pause, nous partons vers Banos, ville de moyenne montagne surveillée en permanence car au pied du Tungurahua, volcan actif culminant à 5023 mètres d’altitude. La ville est trés verte, très agréable, nous pouvons y rester deux nuits et profiter des attractions de la ville, notamment la Casa del Arbor et ses balancoires dans le vide. Nous avions vu l’histoire du maître des lieux dans un « Echapées Belles », c’est dans un arbre que Don Carlo s’est caché pour filmer l’éruption de 1999. Don Carlo n’est plus en activité, il est retraité mais sa propriété est accessible à tous, et son arbre à balançoire fait le bonheur des petits et des grands. Nous ne verrons pas le sommet du volcan caché dans les nuages, mais nous en devinerons la forme et profiterons bien entendu des sensations incroyables de se balancer dans une forêt de nuages.

 

En quittant Banos ensuite, nous passons par la « route des cascades » et nous arrêtons bien évidemment à « Paillon del Diablo ». Nous avions été bluffés par la puissance d’Iguazu en Argentine, ici, nous sommes au cœur de la cascade et nous sommes rincés!

 

Les recherches d’Amélie nous emmènent ensuite dans un refuge pour animaux à Puyo, où une famille de tourdumondiste est actuellement en tant que bénévole pour un mois. C’est Zach qui nous fait la visite, il est passionné de singes araignées, et nous guide dans tout le refuge, avec une explication sur le caractère et les habitudes de chacun des animaux. Ils ne sont là que depuis quelques jours et il est comme chez lui. C’est super de voir un enfant aussi passionné. Le « woofing » ou « Workaway » est une expérience que nous n’avons pas tenté avec les enfants, mais à voir les retours et histoires des familles qui se sont lancées, nous aurions pu faire un petit effort pour s’y essayer nous aussi. A contrario, on se dit aussi que nous avons la bougeotte permanente, et que rester plus d’une semaine au même endroit nous aurait aussi beaucoup coûté.

 

C’était un chouette intermède cette visite, nous arrivons en fin de journée à Téna où nous attend Gérardo pour notre séjour en Amazonie. Poupoule est garée dans sa rue, nous sommes fin prêts pour ces 4 jours chez les Kichwas, une expérience dont on se souviendra longtemps.

236 Equateur Amazonie

 

De retour à Tena, nous passons une nuit réparatrice puis nous nous dirigeons vers Cotopaxi, parc national éponyme du volcan actif qui culmine à 5897 mètres. La route pour Cotopaxi est une réelle épreuve pour Poupoule car nous roulons sur un « chemin de l’Inca » pour voitures, une route pavée avec des pentes aux alentours de 15%. Nous n’irons pas aux portes du Parc National car la nuit nous guette, mais nous arrêterons à un superbe point de vue pour profiter d’une balade nocturne, d’un beau coucher de soleil sur le volcan dégagé. C’est tellement rare  de le voir en entier que nous nous estimons réellement chanceux.

 

Ce sera une des plus belles nuits du séjour, pas un bruit… ie pas un chien qui aboie de la nuit – rarissime en AmSud -, pas un coq – on les aime bien forcément mais le matin ils ne sont pas forcément tous ‘cool’ -, du frais… Un vrai bonheur.

 

C’est donc pleinement reposés que nous faisons route vers Quito. Au début, nous avons envie de bien découvrir la ville qui pour beaucoup de guides est une capitale très agréable. Certes, et certainement… Mais une fois de plus, pour nous, le charme n’aura pas vraiment opéré. Il faut dire que nous souffrons vite de la chaleur dans cette ville étouffante. Nous ne parvenons à nous garer que proche d’un parc, les enfants sont hyper contents, mais les locaux font gym avec de la musique à fond jusque 22h30, et reprennent le matin à 5h30.  Réveillés de bon matin, nous décidons d’aller visiter la vieille ville, ses cathédrales, son centre, ses petites rues et ses petits restaurants. La ballade est agréable, on se laisse bien porter.

 

Puis, après le centre historique, nous prenons la route pour l’attraction ‘numéro 1’ de Quito, à savoir le téléphérique qui permet d’avoir une vue splendide sur les 40 kilomètres de long de la ville. Bon, comment dire… Il ne faut pas y aller, non seulement ça coûte un bras, pour tous… la vue n’est pas exceptionnelle en montée…. Et quand on arrive en haut avec 8 degrés et de la brume, on a vraiment la sensation d’avoir perdu temps et argent.

 

En soirée, en revenant un peu fâchés de s’être laissés couillonner par les bons conseils des guides locaux avec la ballade la plus chère de tout le voyage, nous nous rendons compte qu’une fois de plus nous n’avions pas préparé ces deux jours et nous nous faisons la promesse que ça n’arrivera plus. Alors, nous commençons à travailler sur notre sortie du pays imminente, sur le début de parcours en Colombie… Et par équité, tout le monde se met au boulot, allez les enfants, à l’école !

 

C’est au cours de cette soirée que nous rencontrons nos nouveaux copains de route, Caroline, Alejandro et leurs deux garçons : « The Vegetarian Travel ». Ils font la même route que nous, ont prévu de renvoyer leur camping car depuis Carthagène vers l’Espagne… Nos timings sont similaires, les enfants jouent bien ensemble, nous allons prendre les mêmes routes… Il n’en faut pas plus pour qu’on décide de faire ce bout de route ensemble, ou du moins de se suivre de loin.

Nous sommes vendredi matin, et Gaspard qui a épluché le guide de l’Equateur nous rappelle que le marché le plus typique et artisanal d’Amérique du Sud se tient le samedi à Otovallo… Ça tombe bien, c’est sur la route pour la frontière colombienne, nous irons demain, puis nous passerons la frontière dimanche.

Avant de nous rendre à Otovallo, en Equateur, il y a un passage obligé : La Mitad del Mundo, le point du parralèle 0. Un monument commémoratif et un musée sont installés sur le site, avec toutes les explications des études faites pour valider qu’en ce point passe l’Equateur, et qu’au delà de ce point, nous serons revenus en hémisphère Nord.

Nous apprendrons que les calculs préliminaires se sont faits sur la route d’Amiens, chez nous quoi! Nous apprendrons que les Français étaient des acteurs importants de cette époque car ils maîtrisaient les Sciences et les Mathématiques, notamment la géométrie. Les Français étaient forcément bien représentés dans les expéditions du 18ème siècle partant d’Europe pour l’Amérique du Sud. Dans le pavillon France du site, bon nombre de documents d’époque, en français, toute la famille est assidue pour comprendre.


La visite de la Mitad terminée, nous prenons la route pour Otovallo, où le marché du samedi (artisanat et animaux) nous attend. Sur la route, nous traversons des serres de fleurs à perte de vue, et nous voyons bon nombre de vendeurs de roses au bord des routes. Le gros de la cargaison est partie en Europe pour la fête des mères de ce dimanche… Le deuxième choix est là… Bien que ce soit un deuxième choix, les fleurs sont magnifiques et ne coûtent presque rien. Deux dollars la botte de 15/20 roses… Nous sommes bien loin des prix parisiens!

Nous arrivons à Otovallo en fin d’après midi, il est trop tard pour que nous changions le pneu crevé, nous verrons ça demain. La tuile qu’Amélie craignait par dessus tout va nous arriver : la crevaison. C’est en faisant le plein d’essence que nous nous en sommes rendus compte, en refaisant le film, on se dit que c’est crevé depuis 4 jours… On ne va pas tenter le diable, on le change. Et c’est ce soir là, après le petit coup de stress que Louison demande à utiliser un de ses « Jokers Tour du Monde », à savoir dormir avec Maman sous la tente. Une nuit magique pour elle, un peu moins pour Amélie, mais à voir la bouille tellement heureuse de notre fée, nous sommes bien contents d’avoir gardé la tente jusqu’au bout, et d’avoir permis cette soirée.

Généralement, quand on sait qu’un pays se termine, on a pu avoir tendance à bâcler la fin, et en Equateur, pas du tout. Le programme de fin plaît à tout le monde : animaux, folklore et shopping. Nous commençons le samedi matin par le marché aux animaux, il faut batailler ferme avec les filles pour ne pas revenir avec un Cuy, ou même avec un coq, mais nous avons résisté. Yes!

Nous enchaînons avec le marché artisanal en ville, pour cela nous prenons le bus avec tous les locaux. Gaspard avait raison, c’est un vrai marché celui là, pas un pour les touristes, il n’y a qu’à voir nos voisins de voyage.

 

En ville, il y en a pour tous les goûts, un marché alimentaire où nous découvrons des nouveaux fruits et légumes, si si, c’est possible; un marché artisanal avec des plaids et des couvertures – on a craqué -; un marché aux bijoux – on a résisté -. Est ce parce que nous savons qu’il reste un mois à Poupoule, est ce l’envie d’accumuler des souvenirs pour ne pas perdre trop vite nos impressions de voyage ? Toujours est-il que nous avons les bras extrêmement chargés, et que Poupoule voit sa soute se remplir au plus son retour se profile.

 

Nous passerons notre dernière soirée avec les Vegetarian Travel qui nous ont rejoint à Otovallo. Ils ouvriront la route demain matin pour la frontière, nous sommes bien moins matinaux qu’eux!

La sortie du pays est la plus déstabilisante du voyage car nous passons au milieu des réfugiés vénézuéliens qui cherchent à quitter la Colombie pour les pays plus au Sud. Les douaniers nous font passer par une file spéciale, alors que nous ne demandons rien. Nous voyons des familles éreintées par la traversée de la Colombie, des enfants en très bas âge. Nous nous sommes intéressés à la géopolitique de l’Amérique du Sud avant de débarquer sur le continent, et quand bien même nous étions prévenus, avions lu ou vu des reportages, nous ne nous attendions pas à un tel flot de personnes. Ils peuvent passer légalement d’un pays à l’autre, mais avec la contrainte de 30 à 90 jours par pays, au delà ils sont dans l’illégalité. Pour beaucoup, c’est une vie nomade qui se profile, ils doivent avancer vers le Sud, vers les pays où l’asile sera plus facile à obtenir (Chili et Argentine), et la route est encore longue pour y arriver.

 

L’Equateur est connu pour diviser le monde en deux, et lui même se divise en quatre : Les Galapagos, La Costa, la Sierra et l’Amazonie. Nous sommes ravis d’avoir vu et parcouru les deux derniers. Après la Polynésie et l’Île de Pâques, les Galapagos ne nous paraissaient pas nécessaires, c’est en outre tellement tellement cher!… et pour la Costa, nous misons sur la Colombie et ses plages de la côte Caraïbe pour nous baigner avant le retour.
Nous sommes extrêmement heureux de notre passage en Amazonie, il y a quand même un petit goût de « trop peu ». Pour un pays que nous pensions traverser en un éclair, nous y sommes restés deux bonnes semaines, très intenses, et c’est indéniable que l’Equateur aurait mérité que nous nous attardions un peu plus…

33 Equateur Banos

 

 

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