Big chill in Chile, time to chill out

Nous sommes déjà au Chili depuis quelques jours et nous n’avons pourtant pas encore foulé le sol Sud Américain. Notre escapade a l’île de Pâques nous a mis en appétit pour ce nouveau pays. C’est à Santiago que nous atterrissons, pour commencer les formalités douanières de sortie de port pour notre Poupoule qui est bien arrivée, nous la retrouvons d’ici deux à trois jours une fois tous les documents complétés et validés.

Notre première « visite » est donc notre agent sur place, Monica, qui nous remet les clés que nous avions confié à la dépose à Kuala Lumpur et tous les documents officiels de Poupoule à savoir son passeport (carnet de passage) et son assurance. Ces démarches nous prennent une petite matinée, et il est trop tard pour attraper un bus pour le port de San Antonio, nous en profitons pour faire le Free Tour de Santiago et découvrons tranquillement la ville.

Santiago est la capitale du pays, 6 millions d’habitants sur les 17 que comporte le pays. La ville est assez étonnante, d’un coté le grand modernisme d’une capitale d’un pays qui va plutôt bien avec des malls et de belles enseignes, de grands immeubles… Et de l’autre, le calme d’une grande ville de province, avec des immeubles anciens de quelques étages seulement, des grandes artères piétonnes.

On comprend aisément pourquoi Pedro de Valdivia a choisi ce village en 1541 initialement pour son climat tempéré et pour sa localisation au milieu des montagnes. Dans les années 1880, tout s’accélère avec l’essor du marché du nitrate. De grands noms français ont contribué à l’architecture de la ville, un certain Gustave Eiffel ayant dessiné les plans de la gare centrale.

Nous découvrons notre première « Plazza de Armas », la première d’une longue série en Amérique Latine! La visite de la ville commence par cette grande place, où trônait dans le temps un gibet de potence… désormais remplacé par une jolie fontaine bordée de palmiers. Nous débutons notre tour de la ville sur cette place, et ferons de jolies découvertes architecturales, mais également culinaires.

La visite se terminera à BellaVista, quartier de fête très animé… C’est vrai qu’on a quand même la belle vie!

Une fois ces premières réjouissances passées, nous prenons la direction de San Antonio pour retrouver notre monture. Nous faisons deux équipes, Fred part au petit matin quand nous décidons de profiter d’une bonne grasse matinée avant de le rejoindre. Selon Monica, la sortie de port sera rapide, donc pas besoin de trouver un logement pour le soir. Bon, ça, c’était le plan…. Et il n’est pas toujours fréquent qu’un plan se déroule sans accroc.

Arrivé à San Antonio, Fred se pare de sa belle tenue de chantier – casques et chaussures de sécurité -… Ça donne des idées pour de futures soirées déguisées.

Poupoule est en vue… Sur son flat-rack, et seul Fred sera habilité à la descendre. Nous sommes ravis d’avoir confié Poupoule à Daryl à Kuala-Lumpur, nous sommes entre de bonnes mains, les Chiliens sont de bonne composition et bien que Fred découvre l’espagnol, les échanges sont bon-enfant et tout le monde met de la bonne volonté.

Mais le couperet tombe à 17h… Poupoule ne sortira pas ce soir du port. Nous avons importé un véhicule et la douane pense que nous avons importé une maison… Forcément, les documents ne sont pas bons, ça ne rentre pas dans les cases. Google Translate nous aide à bien comprendre le message..? Ce ne sera pas pour aujourd’hui!

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Amélie entre-temps fraîchement arrivée avec les enfants à San Antonio se terre chez René, qui laisse son restaurant ouvert toute l’après midi pour qu’elle puisse faire école aux enfants. Et quand la nouvelle nous arrive, il faut trouver rapidement un logement pour le soir, et peut être pour le lendemain si la paperasse dure et dure encore.

René nous monte alors dans sa camionnette pour nous conduire où nous résiderons au moins une nuit. C’est notre première vraie rencontre de Chilien, et on imagine déjà que leur hospitalité va nous étonner, et nous ravir!

Nous passerons la soirée sur le port de San Antonio qui, bien qu’il soit un port de fret est aussi un port de pêche où nous passerons de longs moments à contempler les lions de mer qui se chamaillent avec les otaries et les pélicans pour les restes de poisson.

Nous découvrons aussi les grandes aiguilles des espadons et quelques requins pêchés non loin – pour le plus grand bonheur de notre amatrice de produits de la mer -! Une souffrance pour Louison que de déambuler sur le marché des poissonniers, alors que le reste de la famille s’en amuse ouvertement.

Dès le lendemain, les nouvelles sont bonnes, Poupoule sort du port! Chouette! Nous sommes ravis et tous très très heureux. Depuis le 19 décembre, nous avons changé régulièrement de logement, il était temps de retrouver notre « casa rodante ».

Nous lui faisons une grande fête, nous remettons en route avec la logistique (eau/gaz/essence et grand plein de courses) et à nous le Chili! C’est naturellement à René que nous demandons de coller le sticker officiel d’entrée dans le pays, pour son plus grand plaisir!

Mais voilà, nous sommes sur la route depuis 15 kilomètres à peine et on commence à sentir qu’il va falloir faire vérifier l’embrayage, car celui ci nous montre quelques signes de faiblesse. Aucun programme à date pour visiter le pays, on s’oriente plus vers le Nord que vers le Sud, la Patagonie sera pour un autre voyage, c’est bien trop loin pour cette fois-ci!

Notre raison nous fait prendre la route de Santiago, il y a là bas un grand garage Ford qui va pouvoir s’occuper de nous. Nous avons apprécié le préambule dans cette capitale, il nous a laissé un goût de « trop peu », c’est avec le cœur léger que nous voyons les kilomètres défiler.

Arrivés à Santiago, on passe au garage Ford qui est sur le point de fermer et qui ne nous autorise pas à passer la nuit dans Poupoule sur son parking. Peu importe, nous nous garons dans une petite rue à 300 mètres, tout en ayant pris rendez-vous pour le lendemain matin à la première heure. La nuit passe, et au petit matin commencent les malheurs de Poupoule

Les malheurs de Poupoule, au final, ne durent qu’un temps et nous permettent de vivre de grands moments en Bolivie, ces péripéties encore fraîches dans nos esprits sont déjà de bons souvenirs tant les rencontres nous ont remis du baume au cœur.

En rentrant de Bolivie, nous avons eu droit à un comité d’accueil de rêve… Les Moreau de Colombes (Vanessa, Benoît, Jules, Léonard et Oscar) sont là, oui oui, encore eux… Et Benoît nous fait une super dédicace…. Le lendemain, ce sera les « Dis Moi comment c’est là bas », Aurore, Nicolas, Loup et Camille avec qui nous passons une soirée..
Décidément, que de retrouvailles. Ce sont deux familles avec qui nous avons tissé des liens en Thaïlande lors de Loi Kratong.

Poupoule roule à nouveau, en route vers le Nord, la première étape sera La Serena, une des plus anciennes villes du pays, elle existe depuis 1549. Notre expérience chilienne jusque maintenant ne nous a pas donné beaucoup d’accès à la mer, or le pays revendique 4300 kilomètres de côtes. La Serena est bien moins séduisante que nous le pensions. Certes, c’est une grande plage de sable fin qui nous rappelle un peu les plages du Nord, mais la ville en elle même n’est pas exceptionnelle. Nous garderons en souvenirs de notre étape là bas deux choses : la rencontre avec les « Bebexplorer », Laurine – avec un petit ventre rond, Antoine et Sixtine. Eux aussi voyagent en camping car qu’ils appellent « Truck Norris », et eux aussi ont des galères de moteur, de direction … Il n’en fallait pas plus pour que la mayonnaise prenne et que nous passions une bonne soirée avec eux.

Le deuxième souvenir est bien plus pour Gaspard, qui a pu utiliser son crédit de « j’ai réussi le Rubis Cube » et qui s’est vu offrir son skate-board. Il en rêvait depuis longtemps, il devait l’avoir en janvier, mais le trimballer depuis la Nouvelle Zélande était compliqué. Il a su attendre, mettre quelques bouderies de côté, et le voilà ‘skater’ en herbe. Il pratique depuis dès qu’il peut et il progresse à grande vitesse. Il n’hésite pas non plus à donner quelques leçons à ses sœurs, il sait d’ores et déjà qu’avec sa maman, c’est peine perdue.

La Serena est le lieu où se verra le mieux l’éclipse totale du 2 juillet prochain, le jour des 10 ans de Margot. C’était initialement l’étape finale de notre tour, mais nous avons changé nos plans… Et après 24h dans cette ville, aucun regret.

Nous continuons la route vers le Nord, en se posant régulièrement la question de savoir si nous allons ou non faire le crochet pour la région du désert d’Atacama. Nous sommes passés non loin en bus en revenant de Bolivie, et cela ne nous a pas impressionné outre mesure. Nous avons encore le temps de réfléchir, pour l’instant, c’est encore la côte.

Les étapes suivantes seront Bahia Inglesia, Chanaral, puis Taltal. Pour Taltal, nous avons fait un tout petit détour de rien du tout, 40 kilomètres pour remplir nos bouteilles de gaz. Nous arrivons en soirée, les entreprises de gaz sont fermées, nous nous mettons sur la jetée, tranquilles pour passer la soirée. On verra le gaz au petit matin.

Nous préparons le repas, et d’un coup « Toctoctoc à la porte », nous ouvrons en sommes accueillis par la voie de Mireille qui dit à son époux « tu vois que j’ai bien fait de frapper, ils ouvrent ». Voilà comment nous faisons la connaissance de Jean-Jacques et Mireille, nos joyeux retraités voyageurs de Montélimar avec qui nous ferons un bout de route. Ils sont eux aussi à Taltal pour le gaz, ça crée des liens les pénuries en fait. Ils nous indiquent qu’ils dorment un peu plus loin dans leur camion aménagé, et de là où ils sont, on capte le wifi gratuit de l’Office du Tourisme. Chacun retourne à ses occupations et nous déplaçons Poupoule après le repas pour se garer à leur coté. Les discussions continuent sur le trottoir jusque tard dans la soirée.

En allant se coucher, on est bluffés de savoir qu’ils ont tout vendu en France pour partir voyager, leurs économies: c’est leur camion et ils ont prévu une bonne année de voyage aux Amériques. Ils sont tous deux le parfait exemple du fait qu’il n’y a pas d’âge pour partir. On voyage différemment, c’est certain, sans avoir toujours les mêmes rythmes, mais dans le voyage, nous nous retrouvons, et c’est encore une fois un précieuse rencontre sur la route.

Le lendemain, après l’école, c’est la déconvenue, il n’y a pas de gaz à Taltal, il va falloir rouler jusque Antofagasta. Ça va, nous ne sommes pas encore à sec! Pour Antofagasta, deux options s’offrent à nous, revenir un peu sur nos pas, remonter dans les terres et prendre la Ruta 5 qui traverse un désert de pierres sans grande distractions… ou longer un peu la côte et passer dans un autre désert, celui des étoiles et des téléscopes géants. Nous n’hésitons pas longtemps, et prenons la route vers le Cerro Paranal, un des téléscopes les plus grand du Monde, le Very Large Téléscope. Nous savons que celui-ci ne se visite que le week-end et uniquement en journée, que diable, nous tenterons de dormir à ses pieds, c’est pour les étoiles que nous venons. Le Cerro Paranal est un centre européen, on fait style « on est chez nous », mais nous sommes gentiment délogés du parking.

Il fait presque nuit, nous repérons un chemin de sable sur le plateau, on sécurise Poupoule pour éviter l’ensablement et on vit la plus belle nuit étoilée du voyage. Nous sommes en plein cœur du désert, le site est idéal car il n’y a aucune pollution lumineuse, nous sommes à 2500 mètres d’altitude, les vents qui soufflent du Pacifique sont réguliers, les turbulences seront minimes, les étoiles et la voie lactée seront au rendez-vous.

Bon, nous étions convaincus d’avoir vu la Grande Ourse et nous avons cherché la Petite Ourse longtemps… Pour apprendre plus tard que la Grande Ourse ne se voit que dans l’hémisphère nord… L’astronomie s’apprend, ce sera la leçon du jour.

Pour la peine, c’est la fête ce soir, les filles dorment entre elles, et les garçons aussi! Les rangers viendront nous voir pour s’assurer que tout va bien, c’est rassurant. Si on ne démarre pas demain, ou si on reste collés au sable, on sait déjà sur qui compter. La bonne nuit étoilée peut commencer.

Sur la route, nous croiserons beaucoup de chemins de terre et de sable qui mènent à des mines, un vieux de Taltal avait mis Amélie en garde, les mines portent des noms de femmes, et seul un homme entre dans une femme… Donc, il n’y aura pas de visite de mines pour les filles. C’est incroyable le rapport des mineurs avec la mine, elle est à eux, nul ne la visite sans avoir été préalablement présenté. Il n’est pas rare d’avoir des cérémonials pré-visite pour les hommes, il faut demander à la Terre si elle accepte de nouveaux visiteurs. Ils sont tellement convaincus quand ils vous en parlent qu’ils en deviennent convaincants, voire flippants, du coup, pas de visite pour les garçons non plus.

En fait, on flippe d’aller jusqu’à une mine et de se faire écraser par leurs camions de transports de minerais… On dirait que Poupoule est un jouet à coté, non? Ces camions font 203 tonnes (nous 3), ils peuvent transporter jusque 363 tonnes quand nous avons 500 kg de charge chez nous. Ils coûtent 3,5 millions de dollars, et nous en avons vu des centaines! Riches ces entreprises minières quand même…

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Intrigués par ces grosses bêtes, nous nous arrêtons au musée d’Antofagasta pour comprendre un peu mieux les enjeux miniers de la région et surtout leur histoire. Le musée est hyper bien fait, et nous apprenons beaucoup de choses, petits et grands, notamment sur les découvertes géologiques et astronomiques.

A Antofagasta, nous réussissons à recharger nos bouteilles de gaz, nous informons vite Jean-Jacques et Mireille de notre trouvaille. Dans la discussion, le sujet « San Pedro de Atacama » arrive sur la table. La route jusque ici n’était que désert et encore désert… Nous faisons un petit conseil de famille pour savoir si nous bifurquons ou non vers Calama et San Pedro de Atacama, si cela vaut vraiment le coup. A ce moment là, la mémoire des enfants se réveille, « Maman, quand tu as fait la présentation du voyage dans nos classes, tu as parlé du désert d’Atacama, si on n’y va pas, on ne pourra pas le raconter! ». Les enfants sont formidables, Calama et San Pédro, nous voilà!

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De deux jours sur place, nous en sommes à 5, avec les copains, le temps passe trop vite. Il est pourtant temps de reprendre la route, notre skateur veut éprouver son Skimboard sur les plages du Nord Chili. Nous irons donc jusque la ville dune d’Iquique, connue pour une étape exceptionnelle du Paris Dakar, avec une descente de dune sur la ville de plus de 3 kilomètres, sur 800m de dénivelé avec parfois des pentes à 70%. Renversant. La dune trône au milieu de la ville. La plage est agréable, nous bivouaquons face à l’océan, les courageux se mettent à l’eau, la moins courageuse retrouve le plaisir de la lecture sur une serviette de plage… des petits bonheurs qui n’ont pas de prix.

En quittant Iquique, nous arrivons dans les plaines et les roches d’où étaient extraits le nitrate, avant que celui ci ne soit remplacé par du nitrate de synthèse. Et c’est la ville fantôme d’Humberstone qui nous attend. Ville minière bâtie en 1872, elle a atteint son apogée dans les années 40. Tout est encore debout, et en excellent état de conservation alors que la ville a été totalement abandonnée dans les années 1950.

La ville comprenait alors pas moins de 4000 habitants, il y avait tout ce que l’on trouve dans une petite ville bourgeoise de l’époque : une église, un hôpital, une place du village, une école, un dentiste, un gynécologue, une piscine, et la voie de chemin de fer qui emmène jusqu’à la côte… Son théâtre – encore debout – attirait des troupes qui venaient depuis Santiago donner des représentations. Les filles n’ont pu s’empêcher d’envahir la scène et nous faire une représentation du Lac des Cygnes, bien chahuté comme il se doit par Gaspard jouant le cygne noir. Un bon spectacle improvisé.

La frontière péruvienne approche, l’envie de nouveaux horizons aussi. Nous terminerons par Arica pour l’administratif de changement de pays. Nous y rencontrerons Emi et Fred, deux belges qui sont en camping car depuis 12 ans sur les routes… Respect…

Notre surfeur fait de gros progrès, du moins au niveau du look, pour le reste, il faudra encore un peu d’entraînement, il a à cœur de persévérer, nous ne pouvons que l’encourager.

Le Chili, on y va ou pas?
Bien sûr qu’on y va, d’ailleurs, nous on y retournera. On salive tellement sur les images de nos amis voyageurs sur la Patagonie qu’on se fendra d’un deuxième trip dans quelques années.

On y va aussi pour les – certes rares – mais si chouettes rencontres qu’on y fait : René, Camila, et bien entendu Luis et son équipe.

On y va parce que c’est un tout en un, du désert, des geysers, des glaciers, de la plage, de la faune, de la flore, du vin…

Mais on y va longtemps, au moins 3 semaines, parce que sinon on courre… On vous en dira plus la prochaine fois.

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