Ah les îles… Cette pause salvatrice entre deux continents….
On ne s’en rend pas bien compte sur un planisphère mais passer de la Nouvelle Zélande à l’Amérique du Sud, c’est parcourir un tiers du globe. Et quel trajet ! Aucune compagnie aérienne ne fait la liaison entre l’Océanie et l’Amérique du Sud en une seule fois… Il va falloir se faire une raison et faire des stops… Mais où ? S’offre à nous un petit – énorme vous voulez dire !! – coin de France, la Polynésie Française.
La Polynésie, c’est la superficie de l’Europe, avec pas moins de 118 îles, ça ferait un énorme terrain de jeux à découvrir, malheureusement, nous ne resterons que 8 jours, ayant une autre envie de « bout du monde » à assouvir et ayant une Poupoule à récupérer dans 2 semaines.
Nous irons donc à notre essentiel sur cet archipel, essayant de collecter pour notre fabrique à souvenirs des expériences dont on se souviendra longtemps.
Nous arriverons à Tahiti en fin d’après-midi un dimanche soir, alors que nous avons pris notre vol un lundi matin à Auckland… Bon, on y a passé le vol à expliquer aux enfants comment c’est possible de vivre deux fois les mêmes instants, du moins le même créneau horaire. Faire un tour du Monde dans le même sens que nous fait gagner une journée « administrative », mais pas une journée réelle… Nous sommes donc plus vieux d’une journée que la plupart d’entre vous, étrange, non ?
Passée cette bizarrerie, nous arrivons à notre appartement du centre de Papeete, nous faisons déjà les frais – avec humour bien sûr – de la décontraction des Tahitiens. Notre logeur arrive avec 40 bonnes minutes de retard, nous patientons donc dans la rue. Nous avons choisi le centre de Tahiti, non loin de la Mairie et de l’embarcadère des ferrys, ainsi, nous pourrons faire une majeure partie à pied.
Nous passons donc deux jours à prévoir nos dix jours sur l’archipel, avec 3 envies : Teahupoo, la vague mythique, Moorea et son lagon et une île rien que pour nous… mais laquelle ?
En nous promenant sur le marché, entre deux énormes averses, nous avons la surprise et la joie de rencontrer les Tranway, décidément, ils sont partout les Colombiens. Ils terminent leur séjour d’un mois en Polynésie et nous commençons. Encore une fois ces échanges nous permettent d’avoir de nouvelles idées mais aussi de conforter les plans déjà établis.
Nous quittons Papeete le mardi midi avec notre voiture de location, objectif atteindre Teahupoo en fin de journée. Pour y aller, il n’y a pas 36 chemins, soit on longe la côte Est, soit la côte Ouest. Nous décidons de prendre la côte Est, celle où il y a moins de circulation, moins d’habitations mais aussi de fait moins de plages et de choses à voir. Nous avons en plus la malchance d’être sous la pluie. Cependant, nous voyons au loin les vagues qui se cassent sur le récif, donnant le sentiment qu’une vague avance inexorablement vers nous, mais en restant bloquée à quelques dizaines de mètres. Le lagon n’est pas un lagon idyllique, ce n’est pas grave, cela nous donne au moins de quoi voir la curiosité de l’Est : le Trou du Souffleur, et nous nous en amusons tous pour être « douchés » à l’eau de mer.
Non loin du trou du Souffleur, nous nous arrêtons pour une marche vers les cascades. Nous sommes bien hors saison, peu de choses sont ouvertes sur le parcours, même les roulottes au départ des randonnées sont fermées.
Lors de notre passage à Papeete, nous avons été à l’Office du Tourisme pour savoir quelles pouvaient être les randonnées faisables sur l’île, nous aimerions bien rester sur notre lancée de Nouvelle Zélande… C’est sans compter sur la nature généreuse certes mais moins hospitalière que nous pensions… De nombreuses randonnées grimpent la montagne, et avec les précipitations des derniers jours, les chemins n’existent plus trop. Sans guide, c’est la perte assurée. Nous n’avons pas très envie de nous retrouver perdus en pleine nature, nous nous ravisons pour les marches. Les enfants sont ravis, marcher pourquoi pas, sous la pluie et dans la boue, certainement pas. Ils sont restés un peu citadins finalement.
Nous poserons nos valises 3 jours à Teahupoo, dans un faré « Robinson Crusoé » avec une jolie vue sur la baie. Au programme, farniente, école, arcs en ciel et couchers de soleil. Nous profiterons aussi de la cuisine de Manu pour reprendre des kilos tout en s’amusant…
Teahupoo, c’est un cul de sac, mais nombre de voyageurs y vont pour voir LA VAGUE… Celle qui fait vibrer les surfeurs du Monde entier…Celle sur laquelle certains n’oseront jamais s’aventurer, et on les comprend. Et pourquoi donc ? La vague de Teahupoo est une des vagues les plus puissantes du Monde, elle peut mesurer jusque 12 mètres et sa principale dangerosité se trouve dans le corail tranchant à 80 cm de profondeur. On se rate sur la vague, on a des traces à vie, voire plus de vie du tout.
Cette vague est telle qu’elle est devenue une étape du Championnat du Monde de surf. La crème des surfeurs se presse ici tous les mois d’Août pour l’affronter. Seuls quelques élus s’en sortent vraiment mais le spectacle est au rendez-vous. [Notez au passage la magnifique chemise à fleurs de Fred achetée pour l’occasion….]
Nous aurons l’occasion d’en discuter avec le capitaine du bateau que nous prenons une demie journée pour explorer la côte Sud-Ouest de l’île. Au programme, la vague bien entendu, mais aussi les coraux et grottes un peu plus loin… Là, où il n’y a pas de route, là où les habitants se rendent chez eux en bateau. Un vrai air de bout du Monde.
Notre capitaine est pilote pour le championnat du Monde, mais aussi surfeur à ses heures. Fred et lui sont intarissables sur les épreuves passées. Pour notre sortie, la vague est toute petite, un mètre à tout casser. L’idée pour Fred n’est pas de la surfer, mais de nager aux abords pour se rendre compte par lui même de la profondeur. En nageant, il touche les coraux, autant dire que quand la vague casse, il faut être bon pour ne pas être déchiqueté!
Le reste de la famille profite tranquillement de la vue, et des plongées qui s’offrent à nous. Que de coraux, que de couleurs, on en prend plein les yeux. La plongée est facile, l’eau est transparente, et elle est à 25 degrés. Il n’en faut pas beaucoup pour qu’on se jette tous à l’eau.
Ce coin de l’île a des trésors cachés… Une montagne en forme de « nez de Jacques Chirac », mais aussi des grottes à cascades… et une mangrove avec des lianes pour se prendre pour Tarzan… On se régale!
Nos plongées de la matinée nous ouvrent l’appétit… Enfin surtout celui de Louison! Voilà donc qu’on s’arrête sur un ponton pour une petite collation – avec les moyens du bord – si on peut dire… enfin, surtout avec ce que la nature nous met à disposition.
Sur le chemin du retour, une dernière plongée, pleine de poissons, mais surtout notre première rencontre avec les dauphins dans le lagon. Ceux-ci, nous les laissons tranquilles… Nous savons déjà que nous en aurons plein les yeux à Mooréa dès le lendemain.
La sortie ne devait durer que 4 heures, c’est après 5h30 de navigation que nous rentrons au port, complètement rincés! Mais surtout très heureux de ce que nous avons vu! Nous avions pourtant eu l’occasion de plonger en Thaïlande, mais à chaque sortie, c’est différent.
Malgré notre fatigue, nous remontons au Nord de l’Ile pour un déjeuner les pieds dans l’eau. Le poisson est pêché et directement cuisiné, c’est un régal. Nous savons que nous partons le lendemain à Moorea, donc nous décidons quand même de visiter la côte Ouest de la Grande Tahiti. Nous aurons alors la réflexion la plus « coupante de motivation » que nous ayons eu depuis le début du séjour… A savoir, nous annonçons que nous allons à la plage « PK 18 », oui oui à Tahiti, on ne donne pas les noms de plage, mais où elles se trouvent. Donc nous souhaitons profiter de cette plage pour le coucher de soleil, nous n’avons que 40 km à parcourir… et là « PK18, à cette heure ci???? ». Nous faisons pour la première fois l’expérience du flegme des îles… Et ce ne sera pas fini!
Bon, malgré les réticences de notre restauratrice, nous faisons la route. Avec l’envie pour pousser jusqu’au musée Gauguin… La route est un peu longue, nous sommes aux heures de pointe… 15h30… et nous trouvons portes closes aux deux musées auxquels nous nous présentons. Gauguin est en fait exposé en ce moment à Paris… Grrrr et le musée des îles ne réouvre que dans deux jours… Re-GRRRR… On peste alors sur les petits jeunes de l’Office du Tourisme qui auraient pu nous prévenir! Finalement, nous ne ferons que la PK 18 en fin de journée, en étant un peu déçus parce que la plage n’est pas ‘ouf’ de beauté.
Nous rentrons dans notre faré, profiter encore de la cuisine de notre Manu puis nous nous couchons bien vite, le réveil pour le ferry à destination de Moorea sera demain très matinal.
Le lendemain donc, on passe la journée à Moorea, l’occasion pour Margot – entre autre – de plonger avec les pointes noires… Une journée dont elle se souviendra longtemps longtemps.
Notre périple tahitien se faisait en deux grandes étapes… Tahiti & Moorea d’une part… Et une autre île de l’archipel. Notre dévolu se jettera sur Raiatea, dans l’archipel des îles « Sous le Vent ». C’est la 4ème île en superficie de l’archipel. Nous n’avons que 45 mn de vol dans un tout petit coucou que nous partagerons avec les voyageurs à destination de Bora-Bora qui sera le terminus de cette navette. Nous avons de la chance, le ciel est bien dégagé, nous avons de belles vues aériennes des lagons.
Arrivés sur Raiatea, notre pension nous a mis à disposition un taxi, nous arriverons donc sans encombre et sans s’encombrer d’une location de voiture. Nous savons que la location, c’est le seul moyen de voir tous les recoins de l’île… Dommage pour Raiatea, nous ne sommes venus ici que pour sa petite sœur Taha’a… Nous savons que des sorties s’organisent à la journée pour visiter le joyau d’à coté, mais nous tombons aux mauvaises dates… Nous pensions trouver une sortie la veille pour le lendemain, un dimanche… Mais c’était sans compter sur le cargo énorme que nous avons aperçu à Moorea… il débarque le lundi à Raiatea et donc tous les marins se reposent pour être au top avec leurs Américains et Chinois le lundi suivant. Nous sommes verts de chez vert, nous avons fait autant de route pour ce joyau qu’on voit un peu plus au large… et nous n’irons pas? Impossible!
La déprime commence à nous gagner, la météo est en plus capricieuse, il pleut par intermittence… Trop pour qu’on puisse aller se balader. Notre hôte décide de se démener pour nous trouver une sortie, nous prête sa voiture pour que nous puissions faire des courses… Trop trop sympa!
En fin d’après midi, après 3 heures de recherche, ça y est! Nous avons notre sortie pour demain! Et l’énorme bonne surprise de l’histoire, c’est que nous aurons une sortie privée, il n’y aura que nous sur le bateau. Bizarrement, le sourire revient vite, très très vite!
Le dimanche, nous faisons donc LA sortie, celle dont nous rêvions en rêvant des îles et des vahinés. Taha’a a tenu sa promesse.
Pour finir les îles en beauté, nous faisons la randonnée des 3 cascades. La randonnée part de la pension, c’est donc tous légers que nous escaladons la jungle pour trouver les dites cascades. C’est aussi accompagnés des chiens de la pension qui nous montrent bien la route, bon, on en perdra un en route, mais à l’heure où nous écrivons l’article, il doit être revenu…
Aucune indication sur le chemin, on nous dit de grimper, et grimper encore jusqu’à atteindre la troisième cascade. En route, on fait quelques provisions, parce qu’une fois de plus – dans ces îles – , la Nature est bien généreuse.
Nous nous perdons plusieurs fois, forcément!; avec la pluie des derniers jours, le chemin est inexistant, il a disparu sous les pierres… Nous passons les gués, puis nous voyons ce que cela donne plus loin. Au final, c’est assez sympa. Le truc est juste que nous ne voyons pas de cascade à l’horizon. La balade doit durer 3h Aller/Retour, cela fait une bonne heure que nous sommes partis, et rien en vue. Ça commence un peu à craindre…. quand tout d’un coup, voilà la première!
Nous avons tous l’impression d’avoir trouvé un trésor, nous sommes heureux comme des papes, alors de concert, nous décidons de pousser plus loin. A la deuxième, nous voyons le chemin de plus en plus escarpé, et tout le monde est très fatigué. Bref, une pause s’impose, un bain de pieds aussi!
Nous sommes à deux doigts de rebrousser chemin, quand nous croisons des randonneurs – avec un guide, eux! – qui nous disent que la dernière cascade est très difficile d’accès, il y a des cordes à grimper le long des roches, mais la dernière baignade vaut vraiment la peine….
Bon, on tergiverse un peu, et puis on se lance. On avoue quand même que les enfants sont bougons, ils en ont marre et on les comprend. Nous sommes tous avec les pieds trempés, les chemins glissent et personne n’a envie de rater l’île de Pâques pour laquelle on décolle ce soir pour une cheville cassée.
Les Robinsons que nous sommes s’en sortent bien… Et le final est dément, à tel point qu’on ne résiste pas au bain « Tahiti Douche », et qu’importe si nous n’avons pas de maillot de bain!
Le retour à la pension se fera sans encombre, nous avons en revanche notre dose d’émotions et de fatigue… Nous devrions bien écraser dans le vol pour HangaRoa ce soir.
Nous terminerons nos dix jours en Polynésie en quittant les îles avec la délégation polynésienne qui se rend au festival Tapati Rapa Nui à l’Ile de Pâques. Belle transition…