Les temples d’Angkor, immersion dans l’Empire khmer

Qu’on ait aimé ou non les films Tomb Raider, Deux Frères, ou Indiana Jones et le Temple Maudit… , on a tous en soi une petite âme d’aventurier, non? On se dit donc que dans le cadre de notre voyage, la magie des temples d’Angkor peut opérer.

Après les 4 jours passés chez Frank à Banlung, il est temps de prendre la route pour Siem Reap, afin de visiter les temples d’Angkor. Nous avons pris rendez-vous avec Tin qui sera notre chauffeur de tuk-tuk pendant 3 jours. Siem Reap, c’est la grande ville touristique du Cambodge, des hordes de touristes sont déversés tous les jours dans la ville, il faut donc être préparé à les éviter… et tout autant préparer à se les coltiner ! Avoir un guide nous permettra de faire les tours à contre-sens et d’avoir parfois les temples rien que pour nous. Sans cette impression de solitude, impossible de se prendre pour Lara Croft ou Indiana Jones, or, nous en avons très très envie.

Nous trouvons à nous loger à la ‘Tourist Police’, à 500 mètres des temples. La police du tourisme a une pelouse qu’elle met à la disposition des overlanders, nous pouvons même profiter des toilettes et de la douche. C’est super, et là où nous sommes, il ne peut rien nous arriver. Nous nous en rendons vraiment compte en voyant défiler les touristes qui ont été volés, qui ont eu des accidents de tuktuk. Finalement, nous ne sommes pas au centre de la ville, mais nous sommes bien.

Cerise sur le gâteau, nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette bonne idée ! Nous faisons connaissance avec Fiona et Nicolas, deux français partis depuis 20 mois avec leur fils Ethan (presque 6 ans). Bon nombre de nos copains nous trouvent aventuriers d’être partis en camping-car, nous, nous sommes bluffés de leur expérience à eux. Ils voyagent sous tente, en stop depuis le début. Ils ont fait l’Amérique du Sud, l’Australie avant de terminer leur tour par l’Asie du Sud Est. Oui, oui, vous avez bien lu, en stop – sous tente – avec un enfant. Ce sont eux les aventuriers, pas nous !

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Les enfants sont aux anges d’avoir un copain de jeu qui comprend leur langue, et nous aussi nous sommes heureux car nous discutons, nous échangeons les plans, les bonnes adresses. Et nous refaisons un peu le match aussi entre les réflexions que nous avons tous eu au départ « Vous partez, hummmm, avec vos enfants ? », les inquiétudes de nos proches, nos inquiétudes à nous. Partager le voyage, les impressions, se rendre compte que nous sommes -au final- tous avec les mêmes galères et les mêmes joies, cela nous fait du bien.

 

Bien ragaillardis de cette soirée francophone, nous sommes fin prêts pour le marathon des temples. Tin est au rendez-vous, à 7h… Bon, il a un peu flippé quand on lui a dit de nous retrouver à la police, il pensait qu’il nous était arrivé quelque chose, mais le stress passé, il se met en mode commando pour que nous puissions acheter nos pass 3 jours dès l’ouverture pour filer ensuite au temple communément appelé ‘Tomb Raider’. Bon, son vrai nom c’est Ta Prohm, mais pour tout le monde, on gardera Tomb Raider parce que c’est plus parlant ainsi. (C’est effectivement dans ce temple qu’a été tourné le film avec Angélina Jolie).

Dans la liste des temples que nous voulons voir, celui-ci est dans le top 3, pourquoi me direz-vous ? Parce qu’il est encore un peu dans son jus, à savoir que la végétation a repris ses droits et je défie quiconque de savoir nous dire si le temple soutient les arbres ou le contraire. Si les autres temples nous éblouiront avec le génie khmer, Ta Prohm nous éblouira par l’inexorable puissance de la jungle qui l’entoure. Nous avons la chance de le visiter au petit matin, et de faire un peu de découvertes avec les enfants, le Stégausore gravé nous aura bien occupés 20 bonnes minutes. En effet, dans les ruines de ce temple, il existe une petite pierre gravée qui ressemble à stégosaure. Pourtant le temple a bien été construit en 1100, bien avant, pense-t-on qu’on ait découvert et étudié les fossiles de dinosaure… Mystère donc…

Les temples se ressemblant tous un peu, il a fallu ruser pour impliquer les enfants, nous leur avons donc montré quelques reportages au préalable des visites pour qu’ils comprennent ce qu’était Angkor mais aussi pour noter les petites bizarreries des temples. Et ça fonctionne, ils jouent le jeu pour notre plus grand plaisir.

Notre deuxième temple sera Bayon… Bayon, vous le connaissez sous l’autre nom « le temple des visages ». Celui-ci est composé de 54 tours qui représentaient les 54 provinces de l’empire Khmer. Sur celles-ci, 216 visages ont été sculptés. Certains sont encore dans un sacré bon état. Légère déception pour ce temple cependant, nous l’avons visité en fin de matinée, nous aurions dû patienter un peu car à l’heure du déjeuner peu de touristes s’y pressent. Il faut dire qu’il n’y a dans celui-ci aucune végétation, et quand le soleil tape, c’est vite étouffant ! Nous le visitons un peu rapidement, le monde nous étouffe. C’est dommage car à la lecture des guides et comptes rendus d’autres voyageurs, nous nous rendons compte que nous n’avons pas pris le temps d’étudier les bas-reliefs qui pourtant, eux aussi, racontaient beaucoup l’histoire de l’époque.

Avant de rejoindre Tin pour le déjeuner, nous déambulons dans le parc boisé d’Angkor Thom en face de Bayon, dans lequel nous pouvons admirer les terrasses des Eléphants et celle du Roi lépreux.

Tin nous emmènera déjeuner dans une de ses cantines, on ne sait pas comment il fait, toujours est-il que les prix sont indiqués sur le menu, mais avec lui, nous payerons nos plats moitié prix. Dans ces cas-là, il ne faut pas trop poser de questions ! Et ne pas avoir trop de scrupules à commander un dessert pour les enfants et une deuxième Cambodia pour les parents, c’est qu’il fait chaud !

Après le déjeuner, nous partons faire un tour dans SiemReap, faire quelques courses pour le dîner que nous allons partager avec nos nouveaux colocataires.

Le lendemain, réveil à l’aube, nous irons passer la journée au loin de SiemReap, sur le lac de Tonlé Sap. Nous faisons une bonne heure de tuktuk avant d’arriver aux villages flottants. Nous visiterons le village de Lompong Pluk. La saison des pluies étant juste terminée, le lac est haut, de fait, il nous faudra 25 minutes de bateau à moteur avant d’atteindre le premier village. Des dizaines de famille vivent sur l’eau, non pas dans des maisons flottantes mais dans des habitations sur pilotis, de 6 à 7 mètres de haut. Elles sont toutes raccordées entre elles. Nous arrivons à distinguer des rues. Le village est complet : un temple, une église, une école, une gendarmerie. Seul hic, devoir se déplacer intégralement en bateau. Au pied des habitations, les pêcheurs ont installé des piscicultures, pour le commerce, mais aussi pour les jours de forte pluie, il n’y a pas besoin d’aller sur le lac pour pêcher.

Dans le tour, nous sommes ensuite déposés dans un restaurant, point de départ pour les balades en barque dans la mangrove, ou plutôt au milieu de la forêt inondée. Cela paraît au départ paisible, mais une fois le village un peu éloigné, nous voyons des barques attachées entre elles avec des magasins flottants. Naturellement, ta rameuse (ce sont essentiellement des femmes) s’y dirige. Nous sentons une obligation d’acheter, mais nous ne prenons rien, non pas que nous ne souhaitons pas qu’elles gagnent leur vie, mais parce qu’elles sont plus qu’insistantes, et surtout elles ne vendent que des choses en plastique ou en aluminium. Nous ne ressentons pas le besoin d’acheter un coca ou un paquet de chips, donc nous passons le chemin. Le commerce se ferait sur de l’artisanat, pourquoi pas, mais là nous ne voyons pas l’intérêt d’une telle vente dans un lieu qui ne s’y prête pas du tout. Le tour en bateau continue, nous voyons des habitations nouvelles jaillir au milieu des ruines des habitations précédentes. Très vite, nous regrettons un peu la visite parce que le tourisme de masse a fortement dénaturé l’ambiance et a fortement perverti les habitants du village. Ils ne font plus guère attention aux lieux, ils dénaturent eux même leur environnement et leur outil de travail, c’est désolant.

Le tour en bateau nous aura quand même coûté 50 dollars, et quand notre capitaine nous ramène sur la côte en tendant la main pour un pourboire, nous ne comprenons pas. Avons-nous été hermétiques ce jour-là, nous ne savons pas, mais Tonlé Sap ne restera pas le souvenir le plus marquant du Cambodge.

De retour vers SiemReap, nous voyons des panneaux pour des fermes de crocodile, les enfants veulent voir des crocodiles, on demande donc à Tin de nous arrêter dans l’une d’elle. Là, nous avons des hauts le cœur, des centaines de bébé crocodiles parqués dans une eau plus que douteuse, nous resterons à peine le temps de faire le tour des bassins.

Pour la fin de journée, on prévoit le coucher de soleil au Sud de SiemReap sur les hauteurs, avec vue sur la campagne et le lac. Nous nous y rendons en faisant un petit stop dans la ferme des lotus, tenue par un français. Les femmes lavent et coupent les tiges de Lotus avant d’en extraire les fibres et de consolider des bobines. En une journée, elles fabriquent chacune XX mètres de bobines. Le fil est ensuite utilisé pour fabriquer des étoles, des écharpes, et parfois des tee-shirts. C’est de la superbe qualité !

Pour le  coucher de soleil, nous reviendrons, nous n’y verrons pas grand-chose, en revanche, nous avons droit à un super lever de lune. En voilà une occasion pour faire la leçon aux enfants sur la Lune qui tourne autour de la Terre… Et une leçon de sciences faite en 15  minutes, une !

 

Pour notre dernière journée à SiemReap, ce sera Angkor Vat, le temple le plus grand, le plus connu. C’est encore à ce jour le plus grand édifice religieux du Monde. Ce temple est l’âme du Cambodge, une fierté nationale, à tel point qu’il est représenté sur leur drapeau. C’est également le seul temple qui n’a jamais été laissé abandonné aux forces de la nature. Il est en activité ininterrompue depuis sa construction.

Nous y serons pour le lever de soleil, pas tous seuls, non non, avec des centaines d’autres touristes ou voyageurs qui ont eu la même idée que nous. Le parc ouvre à 4h30 du matin quand le site même du temple ouvre à 6h. Autant vous dire que nous sommes hyper nombreux sur la pelouse, hyper nombreux à éconduire les rabatteurs qui souhaitent nous avoir dans leur restaurant pour le petit déjeuner après la visite.

Une fois rentrée sur le site, Amélie voit quelques panneaux pour monter en haut du temple, mais cette partie n’ouvrira que dans 40 minutes. On fait donc le tour tranquillement, sans trop s’éloigner de la file d’attente, comme le nombre de personnes est limité en haut, on ne veut pas perdre notre temps à attendre que d’autres voyageurs descendent, nous voulons être les premiers!

 

En faisant la queue, grosse déception… Les enfants de moins de 12 ans, ceux qui ne payent pas le ticket… les nôtres quoi… hé bien ils n’ont pas le droit de monter. Ben oui, monter sur un scooter sans casque, ils peuvent… mais gravir les escaliers de la tour principale, la pièce maîtresse du temple, ce n’est pas possible. La visite à Angkor, on ne la fera peut être qu’une fois dans notre vie, donc nous décidons que les adultes monteront et les enfants resteront gentiment les attendre en bas. Comme nous ne sommes pas complètement de mauvais parents, nous leur donnons des consignes pour s’occuper en nous attendant. Louison devra compter les personnes dans la file d’attente qui ont des tongs, Margot des sandales, et Gaspard des baskets. Ça devrait bien les occuper le quart d’heure de la visite. Et ça marche !

Nous finirons la visite d’Angkor Vat par le tour complet du temple et l’explication des bas-reliefs de celui-ci. 800 mètres de sculptures qui racontent l’histoire du temple et de l’empire khmer. Pour cette partie, nous sommes ravis d’avoir regardé des documentaires au préalable avec enfants, tout le monde comprend mieux le sens des sculptures et la vie de l’époque. Sans initiation, la visite n’aurait eu que peu de sens.

Nous terminerons les visites de temple par celui de Preah Kahn, celui-ci est assez éloigné, assez abandonné, mais la visite était chouette. Ça a commencé par des lianes dans les arbres que les filles ont décidé de transformer en balançoire. Puis Gaspard a fait connaissance avec un gros scarabée et a fait sursauter les touristes chinoises. Enfin, dans le temple et dans son parc, on pouvait faire un cache-cache géant, même au milieu des pierres tout juste effondrées (enfin ça donnait l’impression). Pendant notre visite, Amélie a suivi discrètement un guide francophone, et nous avons pu avoir enfin quelques détails d’architecture et du génie de l’architecture de l’époque. Les portes entre chaque couloir sont ornées de triangle et à chaque intersection, il y a des pics en pierre. Pourquoi ? Tout simplement pour que quand on marche dans les couloirs, avec la lumière qui passent entre les pierres, on ait l’impression que les blocs centraux sont des bougies et les éclats de lumière leurs chandelles. Bon, de jour, on se rend un peu compte, mais à l’aube et à la tombée de la nuit, cela permettait en fonction des couloirs illuminés de savoir où on était dans le temple. Les patios sont agrémentés de petits temples et les enfants prennent plaisir à se cacher ou à prendre la pause. Nous ferons le chemin du retour par le parc, au milieu des arbres centenaires. Un havre de calme ce temple, la bonne découverte pour terminer ces 3 jours.

 

 

Pour notre dernière soirée, nous grimperons une colline pour voir le coucher de soleil, malheureusement, nous ne pourrons entrer dans le temple qui donne la superbe vue… Ce n’est pas grave au final. La foule aura eu raison de nous, nous nous disons que 3 jours c’est bien, il n’en faudrait pas plus. Nous devons être devenus sauvages en quelque sorte, avec le temps et le voyage, les grands sites touristiques deviennent de moins en moins notre truc.

Au delà des temples, nous explorerons une autre curiosité à SiemReap, c’est son restaurant « Bugs Café ». Après tout, les aventuriers des temples perdus, ça goûte à tout, non?

 

Alors Angkor, on y va ou pas ?

La réponse sera plutôt oui. Pourquoi ? Parce que vous ne pouvez pas comprendre l’histoire actuelle sans la mettre au regard de celle du 12ème siècle. Le Cambodge est aujourd’hui un petit pays comparé à ses voisins, or c’est bien à Angkor qu’était le centre névralgique de l’Empire Khmer qui allait de la Thaïlande au Vietnam, couvrant également une partie du Laos. On y va également pour le mystère des lieux ; cette cité était peuplée de centaines de milliers de khmers (750000), et tout le monde a disparu du jour au lendemain. On y va pour le défi architectural relevé à l’époque : les temples sont construits à partir d’une roche relativement friable sur du sable, et pourtant les temples tiennent encore debout 9 siècles après. Le génie civil de l’époque était impressionnant ! Pour qu’ils ne s’effondrent pas, ils les ont entourés de bassins, qui avec la force de l’eau qu’ils contiennent permettent d’avoir un sol dur et compact, ainsi aucun risque d’effondrement et d’éboulement. Chapeau !

On se ravise pourtant d’y aller aux périodes de forte affluence, les hordes de touristes qui arrivent en bus en faisant fi des autres visiteurs, c’est vraiment, vraiment une plaie. On conseillera aussi aux gestionnaires des temples de mettre quelques explications en anglais le long des parcours de visite.

 

En bilan, voici nos préférences :

  • Margot : Bayon parce que les visages étaient très impressionnants.
  • Gaspard & Louison & Fred: Ta Prohm, parce que les arbres qui reprennent leurs place, c’est super et puis pour la recherche du stégosaure.
  • Amélie : Preah Kahn, parce que nous y étions presque seuls, le parc est immense, et pour une fois, on a entendu un guide français qui expliquait des détails super intéressants.

Les reportages qu’on a évoqué et qui nous ont bien rendu service : 

A la découverte des majestueux temples d’Angkor Vat (Chaine Planète) : https://www.youtube.com/watch?v=RpbGKmhSjR8

Faut pas rêver : Cambodge, à l’ombre des temples d’Angkor.
https://www.france.tv/france-3/faut-pas-rever/43491-cambodge-a-l-ombre-des-temples-d-angkor.html

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