Quelle coquine cette Poupoule! A peine nous la retrouvons et elle « tourne son nez » comme on dit dans Ch’Nord. Nous lui faisons une belle fête en la retrouvant à San Antonio et elle nous fait un coup de Calgon.
Nous n’aurons fait que 157 kilomètres au Chili, nous sommes au petit matin, nous avons rendez-vous au garage Ford pour vérifier l’embrayage dans 15 minutes, Amélie se met au volant et …. Ben et rien… Aucun démarrage… Après avoir fait la liste des choses qui mettent la batterie à plat, il faut se faire une raison, nous n’avons rien fait de mal… Elle devrait démarrer, la batterie est neuve, nous l’avons changé en même temps que l’alternateur en Thailande, il n’y a pas de raison qu’elle n’aille plus bien. D’autant plus que, pendant son trajet en mer certes long, bien cachée entre les containers, elle n’a pas pu souffrir d’oxydation.
J’enfourche le vélo et me dirige vers le garage Ford avec des petites vidéos expliquant les symptômes, je reviens avec John et un autre garagiste. Ils se mettent au volant et auscultent.
Ford a beau être une marque internationale, ce n’est pas si facile pour eux qui sont bien plus habitués aux gros pick-ups qu’aux utilitaires. Ils connaissent un peu ce type de véhicule, ils en ont un au garage « une ambulance ». Nous sommes donc confiants et les laissons emmener Poupoule au garage en dépanneuse, non sans avoir laissé trace de notre crochet d’attelage dans le bitume de la rue. Ce crochet nous aura sauvé maintes fois la mise pour le bas de caisse!
Une fois Poupoule installée dans le garage, et scrutée par tous les badauds, nous faisons nos petits sacs pour quelques jours loin d’elle, déjà… Les techniciens et ingénieurs s’affairent, c’est certainement à cause de l’embrayage défaillant que le démarreur refuse de démarrer. C’est rassurant quelque part cette sécurité. On nous annonce que le véhicule sera ausculté dans la journée et que les pièces de rechange vont être commandées dans la foulée. Parfait!
Le lendemain, nos copains garagistes, oui, on crée des liens assez vite en ayant les mains dans le cambouis nous annoncent une nouvelle « moyenne »… L’embrayage va mettre 5 jours à être livré, donc nous sommes collés à Santiago pour au moins une semaine, et en hôtel en plus. Le bad, on a envie de bouger un peu. Après discussion avec toute la famille, nous annonçons au garage que nous quittons le pays dans le laps de temps où notre véhicule est immobilisé, nous irons en Argentine, à Buenos Aires et à Iguazu. Nous nous confortons dans cette idée de voyage en évitant ainsi 5000 kilomètres à notre monture.
Durant tout le voyage, je prends des nouvelles auprès du garage et le dernier soir à Iguazu, les nouvelles ne sont pas bonnes. D’un problème d’embrayage qui s’est transformé en problème de démarreur, nous voilà désormais avec un problème d’ordinateur central du véhicule.
Je suis totalement abasourdi, on m’annonce que le logiciel est défaillant, qu’il ne renvoie que des messages d’erreur et la conclusion des analystes et que celui ci est HS. Bon, il va falloir gérer, mais comment imaginer un véhicule en épave en Amérique du Sud?
Nous rentrons donc à Santiago, un peu avec la boule au ventre quand même. Une fois revenus au garage, nous comprenons mieux le problème. En fait, c’est moins grave que prévu, ouf! En fait, le garage n’est pas en mesure de « lire » notre ordinateur de bord, non seulement le véhicule est européen, mais en plus il date de 2005, et ils ne savent lire que des logiciels postérieurs à 2007. Je cherche désespérément une solution auprès de nos contacts en France, Jean-Bernard et Dominique de chez Brousse Loisirs sont de bons conseils et nous permettent d’anticiper des solutions que nous partageons avec les ingénieurs de chez Ford.
Finalement, on prend contact pour nous avec Luis Huerta, qui loue des campings cars à Santiago et selon nos ingénieurs, il a des « doigts de fée » et surtout le bon logiciel. Houra, nous voilà sauvés! Au moins, on connaîtra la (ou les!) panne(s).
Luis est d’accord pour nous prendre le véhicule et en faire son audit, mais sous huitaine uniquement. Comment allons nous meubler cette semaine? Encore une semaine à Santiago, on aime la ville mais on tourne un peu en rond maintenant.
Amélie, et ses rencontres Facebook de voyageurs met sur notre route les 5boutsduMonde, et nous décidons de passer quelques jours avec eux sur la côte, direction Valparaiso!
A notre retour à Santiago, on remet Poupoule sur une dépanneuse et nous débarquons chez Luis. Amélie tremble en voyant la dépanneuse se cabrer en chargeant Poupoule. Je ne fais pas non plus le malin, mais je me veux rassurant pour le reste des troupes.
Les premiers échanges avec Luis sont rassurants, je suis bien aidé par Camila, sa fille qui fait d’excellentes traductions entre nous. Le garage de Luis a des airs de garage Mendez dans Camping, nous ne sommes pas au bout de nos rigolates tellement la comparaison ira à son paroxysme! Il va démonter le moteur, mais tout le moteur!
Dès le lendemain, Luis connait le problème, nous n’avons pas de réel problème de démarreur, il est plutôt en très bon état. Le souci est bien plus grave, il s’agit d’un gros souci moteur… Pour ceux qui s’y connaissent, il s’agit du support de l’arbre à came dans la culasse… Ça envoie du rêve, n’est ce pas?
Luis inspire beaucoup confiance, je lui laisse la main sur le véhicule les yeux fermés. Il cherche la pièce en ligne pour la remplacer. Étonnamment, il la cherche sur Amazone! Il n’est pas satisfait car il ne trouve que des pièces usinées en Chine, et il n’a pas confiance. Ensuite, je trouve avec lui la pièce en Angleterre, mais le site n’envoie rien au Chili, il faut bien avouer que la Poste chilienne, c’est pas trop ça!
Après des heures de recherche, la pièce est trouvée! En Argentine, à Salta! Luis nous annonce qu’il prend la route dans les jours à venir pour aller la chercher. Imaginez, c’est comme si votre garagiste vous propose d’aller chercher une pièce détachée à Rome! Cela ne lui fait pas peur à Luis. J’hallucine complètement, mais il nous dit que c’est OK pour lui, bon ben soyons OK avec lui alors.
Entre le voyage en Argentine, le changement de pièces et le remontage total du moteur, il nous annonce une bonne semaine de travaux. Nous lui en laisserons deux et demie, nous ne servons à rien à ses cotés, nous filons en Bolivie… Évitant ainsi à Poupoule le mal de l’altitude dans ce pays à plus de 3000 mètres.
On fête ça tranquillement, avec toute l’équipe du garage… Une soirée mémorable!
Pendant notre séjour en Bolivie, les nouvelles sont bonnes. Luis nous annonce que tout va bien et que Poupoule reroule. On va pouvoir repartir, le bonheur. A notre arrivée, nous sommes hyper bien reçus, toute l’équipe nous attend pour une soirée d’au revoir mémorable, même Camila a fait la route depuis Valparaiso pour nous revoir.
Tout est bien qui finit bien, Poupoule est de retour sur les routes, nous reprenons nos quartiers avec joie, les enfants sont ravis de retrouver leur « cabane Capucine ». A nous le Nord Chili!
Nos adieux avec Luis sont chargés d’émotion, il nous a permis de réaliser une partie de notre rêve et a remis notre monture sur roues. Je crois qu’il est aussi heureux que nous que l’aventure continue… Nous espérons garder contact et avoir l’opportunité de lui offrir une hospitalité similaire. Rendez-vous pris à Paris!