Nous sommes partis dans la région Nord Est du Cambodge, le Ranatakiri. Papa et Maman avaient vu un endroit où nous pouvions faire des activités extraordinaires, notamment un trek dans la jungle et une rencontre avec les éléphants.
Il nous fallait juste trouver le bon contact pour nous aider à organiser tout ça, parce que dans les régions reculées, on ne parle pas trop anglais, et nous ne sommes pas très bon en Khmer. En cherchant un restaurant pour le déjeuner, nous sommes tombés chez Franck à Banlun. Et Franck, tout de suite, ça a super bien accroché avec les parents, et avec nous aussi. Il avait deux chiens qui ressemblaient à des chiens (hyper rares au Cambodge), et Franck est pizzaïolo, le bonheur pour nous trois! Et cerise sur le gâteau, il y avait une piscine dans son resto… Le big big bonheur!
Donc les parents discutent, et discutent encore avec Franck, et ils nous demandent si nous sommes prêts à partir 3 jours dans la jungle avec eux, à la rencontre de familles Khmer. Moi, depuis le début du Cambodge, je veux entrer dans une maison cambodgienne, mais c’est pas évident, et puis ça ne se fait pas trop de rentrer comme ça chez les gens même s’ils vivent dans des maisons sans porte ni fenêtre.
Nous sommes d’accord tous les trois pour partir le lendemain. Papa et Maman nous expliquent que nous partons donc passer deux nuits dans une famille Kraviet (une minorité du Nord Est), que notre guide ne parlera que peu anglais et que les repas seront végétariens. Mais ils disent aussi que nous dormirons dans des hamacs, nous sommes trop trop contents.
Nous faisons nos sacs à la 6-4-2, pour aller marcher, pas besoin de grand chose, une tenue de rechange pour le soir, des paires de chaussettes, quelques sous vêtements. On voyagera léger. Heureusement pour les parents, ce sont eux qui porteront les sacs.
Maman met de coté tous les vêtements qui sont en bon état mais devenus bien trop petits pour nous trois, c’est ce que nous offrirons aux enfants du village. Elle prend aussi le « Magic Book » que Gontran lui a offert, elle se dit qu’elle fera un spectacle de magie, mais bon Maman, c’est pas Gontran!!! On verra bien comment elle s’en sort.
Au petit matin, nous voilà prêts. Nous rencontrons Pon qui sera notre chauffeur guide pendant les 3 jours. Pon parle un peu l’anglais, mais avec 4 mois de voyage dans les pattes, nous sommes trop fort pour expliquer ce qu’on veut, ce qu’on aime sans parler la langue.
La balade commence par 2 bonnes heures de TukTuk, sur des pistes parfois complètement inondées. Papa admire Pon et se dit que les Cambodgiens feraient un malheur au Championnat du Monde des rallyes et aussi au Paris Dakar. On passe dans des endroits qui font trop peur, on pense qu’on va se renverser 10 fois, mais non, on tient bon. Quel chauffeur ce Pon!
Là où habitent les Kraviets, c’est dans la Jungle, pas d’accès en voiture, juste quelques accès en moto et en motoculteur.
Après avoir passé le bac sur la rivière, nous déjeunons et commençons la marche. Pon nous dit que nous en avons pour 4 à 5h de marche avant d’y arriver. Au bout du premier kilomètre, nous devons déjà rallonger un peu le trajet car nous devons traverser des champs mais ils sont complètement inondés. Pon nous fabrique des ponts avec des bouts de bois pour que nous ne soyons pas trop mouillés des pieds. Ça fonctionne pas mal, mais nous apprenons vite où poser les pieds pour ne pas trop nous enfoncer dans la gadoue.
On traverse des pâtures, des villages, des rizières, on marche d’un bon pas, les parents sont contents. Après 4 bonnes heures de marche, nous arrivons au village. Il y a 3 maisons sur pilotis, la nôtre sera celle de Mamie, elle a 80 ans, est complètement courbée, mais elle tient bien sa maison. Nous rencontrons les enfants du village, ils sont 7 et ont entre 1 an 1/2 et 9 ans, mais on ne sait pas vraiment. Ils jouent avec des jeux en bois qu’ils ont fabriqué.
Autour de la ferme, il y a une truie avec 5 petits, des poules, deux chats et deux chiens. Tout le monde cohabite bien. La nuit ne va pas tarder à tomber, nous filons à la douche. Nous savions que nous n’aurions pas beaucoup de confort, la douche c’est un trou avec de l’eau de pluie et nous nous lavons en renversant sur nous un grand saut d’eau. Elle est froide bien sûr mais après la marche que nous avons eue, se sentir propre et changer de vêtements nous fait le plus grand bien.
Pendant la douche des filles, les garçons s’amusent avec les garçons du village avec une carabine à air comprimé fabriqué maison. Ils fabriquent vraiment tout!
Pendant que Pon nous prépare le dîner, Maman en profite pour rassembler les enfants et offrir les vêtements que nous leur avons apportés. Ils sont contents apparemment mais ne le montrent pas tout de suite. C’est quand nous les voyons faire un défilé avec nos robes, nos tee-shirts et les bermudas de foot de Gaspard que nous comprenons qu’ils sont ravis.
Nous dînons à la frontale et Pon nous installe nos 5 hamacs. Nous n’avons pas bien compris l’organisation de la famille car tout le monde va dans toutes les maisons, nous ne savons pas bien qui est la maman, le papa, ni si il y a 3 ou 4 générations… On essaiera de mieux comprendre demain en posant des questions à Pon sur la route.
Maman se lance dans son spectacle de magie… Finalement, ça fonctionne, même les adultes sont bluffés! Elle nous apprendra le truc plus tard pour que nous puissions faire le spectacle à notre tour à d’autres enfants.
Là, nous sommes hyper fatigués de notre journée. On se couche à 19h30, il faut au moins 11h de soleil pour être d’attaque le lendemain. On dort trop bien dans les hamacs, enfin nous 4… Papa a du mal et se retrouve dans la chambre sur une paillasse, il n’a pas été fan du hamac.
Le lendemain, on se lève vers 6h30, Pon nous prépare un petit déjeuner avec des nouilles chinoises dans une soupe. Nous avons pris l’habitude de manger salé le matin, mais plutôt des œufs, et là en fait, on trouve ça trop bon.
Allez, on démarre. Pon nous dit que nous marcherons 8 heures aujourd’hui. L’idée de marcher dans la jungle nous plait, et surtout on a hâte d’être au déjeuner car on verra une cascade et si on est sage, on se baignera. En traversant des rizières et des villages, on rencontre des femmes qui égrainent le riz.
Pendant la marche, on découvre des nouveaux animaux pas rigolos : les sangsues. Elles s’accrochent à tes baskets, remontent dans tes chaussettes et sucent ton sang. Il faut les voir vite pour essayer de les décoller, mais ce n’est pas facile. Donc parfois, on se rend compte qu’on a été piqué parce que les sangsues sont énormes.
La jungle, c’est fascinant. Les arbres sont hyper hauts et c’est de la forêt à perte de vue. Ça monte aussi pas mal. Au début, la cascade était prévue pour l’après midi, mais nous avons demandé à Pon de plus marcher le matin pour y arriver. Nous y arrivons donc vers 13h, et Pon se met à cuisiner des paninis omelette en faisant un feu sur les pierres de la cascade. On ne sait pas comment il a fait pour garder une quinzaine d’œufs dans son sac sans les casser en route!!! Nous déjà un bouchon pour porter une bouteille d’eau, on a du mal!
On prend le temps pour se baigner, Pon va même pécher avec l’autre guide qui nous accompagnait.
Allez, on repart. Maman demande tout le temps « Is this top mountain??? », et Pon dit oui à chaque fois, mais la route est encore longue. Du coup, pour avancer plus vite, Maman nous apprend l’Alphabet Scout, on chante aussi « Buvons un coup ma serpette est perdue » avec plein de sons, et forcément « Lundi matin, l’Empereur…. « . Ca passe, ca passe, mais à court d’idée chansons, Maman et Papa nous font réviser les tables de multiplication et aussi les règles de conjugaison… On préférait chanter!
De retour au village le soir, les rizières sont hyper mouillées, donc on déchausse tous et on finit en chaussettes dans la boue. C’est trop bien! La douche au retour est encore une des meilleures du séjour, certainement parce que nous sommes vraiment trop cracra.
La deuxième soirée est plus sympa que la première, déjà parce que je cuisine un peu avec Mamie et Pon. Et aussi parce que les enfants viennent nous voir pour jouer avec nous.
Pon prépare une surprise aux parents, des petites cuisses de grenouille… Miam… Et il leur dit « Alcool will come »… Ok, ils commencent à se demander ce qui va leur arriver! Les habitants du village arrivent avec une grande jarre dans laquelle il y a une sorte d’alcool de riz. Une des mamies qui était là demande à Maman de goûter, Maman s’éxécute mais franchement c’est pas terrible. Papa décide de soutenir Maman… mais ce n’est pas terrible pour lui non plus!
On ne s’éternise pas non plus le deuxième soir, c’est dingue mais le fait de ne pas avoir de lumière et savoir qu’on a marché 18 km dans la journée, ca nous fatigue très vite. On joue un peu avec les enfants, avec les animaux et on se love dans les hamacs. Encore une bonne nuit!
Le dernier matin, les enfants viennent nous réveiller, ils nous montrent comment ils jouent aux osselets avec des cailloux. Ils sont trop forts et nous, nous sommes trop nuls!
Vient alors le départ, le temps de dire merci, au revoir, de faire quelques photos et de laisser quelques polaroids. Nous pensons que Mamie n’avait pas de photos d’elle avec ses petits enfants ou arrières petits enfants donc nous sommes très contents de lui offrir.
La dernière matinée, nous en avons plein les pattes, donc dès qu’il y a un gué un peu trop trempé, Pon et Papa nous portent, nous évitant ainsi de nombreux détours. Comme Maman se faisait porter par Papa et que Maman portait l’appareil photo, il n’y a pas de souvenirs, mais je vous promets que Papa nous a tous porté même si nous ne sommes pas en mesure de le prouver.
Pour les derniers kilomètres, nous aidons un tracteur motoculteur à sortir de la boue et en échange ils nous emmènent jusqu’au dernier village. On a bien rigolé même si on a failli tomber dans la boue plein de fois.
Après le bac retour, nous sommes rentrés en Tuktuk avec Pon. Nous avons pris un orage de dinguo sur la tête. Nous étions tous trempés de la tête aux pieds mais heureux que cela nous arrive sur le chemin retour et pas dans la jungle.
Franck nous attendait à la guest-house, avec la bière de « retour de trek » pour les parents et la petite boisson pour nous aussi.
Finalement, nous aurons marché 40 kilomètres en 4 demi journées, nous avons de quoi être fiers de nous tous. Les parents parce qu’ils avaient les sacs, et nous parce que bon, quand même 40 km, avec les pieds parfois trempés et sans râler!
Franck, si tu nous lis: merci. On a passé un chouette moment, l’effort en famille, on a vraiment aimé. Et amis voyageurs, arrêtez vous à Banlung Balcony, vous serez très bien reçus!
Mention spéciale à Pon, pour sa patience, pour ses gros muscles, pour son obsession à trouver un plan B en voyant « Big Water » et pour ses qualités de cuisinier. Nous nous sommes tous régalés.
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